Les médecins ridicules
Les médecins ridicules : en coulisse avec Molière
Laure Bazire
Nathan, 2014
144 p.
Résumé éditeur
Paris, XVIIe siècle. Jean-Armand de Mauvillain se rend de toute urgence chez son ami Molière qui l'a fait appeler au chevet de son enfant malade. Le comédien est désespéré : il a déjà subi le dédain et les mauvais conseils du grand Daquin, l'un des médecins du roi Louis XIV. Malgré toute la science de Mauvillain, l'enfant meurt. Dès lors, à travers ses pièces, Molière n'a de cesse de dénoncer le charlatanisme de Daquin et de certains de ses éminents confrères…
Mon avis
L'histoire est écrite du point de vue d'Armand, médecin et ami de longue date de Molière, personnage qui a réellement existé. Nous accompagnons avec lui le célèbre dramaturge durant une période sombre, aussi bien dans sa vie personnelle que professionnelle. Laure Bazire propose de suivre Molière de 1664 à 1665, lorsqu'il écrit le Tartuffe, Dom Juan et le Misanthrope, expliquant en fin d'ouvrage avoir choisi d'imaginer les raisons d'un tel acharnement envers les médecins dans ses pièces. Selon elle, Molière aurait pu perdre définitivement sa foi en la médecine à la mort de son fils. Seul Armand trouvera encore grâce à ses yeux, refusant et critiquant lui-même les méthodes médicinales de l'époque et ses confrères.
Les anecdotes et informations sur la vie du dramaturge sont nombreuses et nous plongent dans le fascinant monde du théâtre sous Louis XIV. Scandales suite aux critiques des médecins mais aussi de l'Eglise, concurrence du jeune Racine qui séduit aussi bien le Roi que les comédiens de Molière, promotion au rang de Troupe du Roy, doutes et problèmes de santé, nous découvrons Molière sous un autre jour et passons dans les coulisses de ses pièces...
Un roman historique vraiment intéressant !
"Je pensais à certains de mes confrères qui cachaient leur ignorance derrière de savantes paroles latines, conscients que ce jargon en imposait, et qu'ils pourraient ainsi soutirer le plus d'argent possible à leurs malades. Oui, décidément, Jean-Baptiste avait bien saisi tous leurs petits ridicules et il les exposait là, sur la scène, avec un talent fou !" p.16
"- Mais pourquoi te surcharges-tu de travail ? Tu excelles dans la comédie, tes pièces remplissent les salles, on t'en réclame d'autres... Pourquoi veux-tu absolument changer de genre ? Sous l'Antiquité aussi on jouait la comédie, regarde les oeuvres de Plaute, elles sont très drôles !
- Peut-être, mais la tragédie, c'est le genre noble ! La comédie, c'est la suite du théâtre de foire, tu vois, avec des répliques très populaires, parfois même indécentes. On ne prend jamais au sérieux les auteurs qui font rire, on les considère comme des amuseurs publics..." p.89
"Au fond, je commence à penser que tu avais raison quand nous parlions de la comédie et de la tragédie : on peut dénoncer les moeurs de son siècle et les défauts des hommes, mais on peut aussi tenter de les corriger en riant. Je crois que, désormais, ce sera ma devise." p.127
Merci aux éditions Nathan