Les princes charmants n'existent pas

 

Les princes charmants n'existent pas

Maïa Brami

Nathan, 2014

294 p.

Résumé éditeur

À quinze ans, Nora est une incorrigible rêveuse, qui préfère le glamour hollywoodien d'une Ava Gardner aux amours bien prosaïques de sa copine Julie avec le beau gosse du lycée. Lorsqu'un jour une lettre de rupture adressée à son voisin, un certain Rodrigue, tombe sur son balcon, elle renvoie la missive au bon destinataire. Il lui répond. De lettres en lettres, les deux jeunes gens deviennent intimes. Sans vraiment oser passer à l'action. Nora ne peut s'empêcher de rêver à une histoire d'amour avec Rodrigue. Mais la réalité peut-elle être aussi belle que le fruit de son imagination ?

Mon avis

Nora est une ado à l'imagination débordante qui se nourrit de vieux films et des histoires sentimentales qu'elle écrit. Quand elle trouve, par hasard, une lettre de rupture adressée à son voisin, elle ne peut s'empêcher de lui répondre. S'entame une correspondance entre les deux ados, menée par Nora, qui souhaite que cet échange soit à la hauteur de son romantisme idéaliste : le papier doit être blanc, le vouvoiement remplacer le tutoiement et les tournures être recherchées. Mais comme beaucoup d'ados, Nora est aussi très complexée par son physique, n'ayant ni formes, ni look féminin, et n'a aucune confiance en elle. Quand Rodrigue, qui se prenait au jeu, se lasse et souhaite avoir une relation "normale", c'est la panique !

Beaucoup de thèmes intéressants se croisent dans ce roman. Les deux héros ont des personnalités originales et complexes, surtout Nora, qui vit dans un autre monde que les autres jeunes de son âge et qui se cache derrière l'écriture pour ne pas avoir à affronter la réalité. Malgré ses phrases bien tournées et son humour, elle a souvent des réactions assez puériles alors que Rodrigue, plus âgé et plus mature, a les pieds sur terre. En entamant cette correspondance avec lui, ce qui était au départ un jeu va vite devenir une relation, ce qu'il s'évertuera à lui faire comprendre, au risque de tout arrêter.

Nora côtoie également Julie, sa meilleure amie, qui, bien dans sa peau, cherchera à l'aider à sortir de sa coquille, mais qui vit elle aussi une relation mouvementée.

Enfin, ce roman aborde le sujet du divorce et de la pression scolaire exercée par les parents via la situation de Rodrigue, poussé à devenir ingénieur comme son père ou à réaliser le rêve de sa mère en vivant de la musique.

Une histoire d'amour mignonne mêlant récit à la première personne et lettres. 

"Vos lettres, c'était un moment à moi, une fenêtre pour respirer. On s'amusait bien. Je vais vous décevoir, mais ça ne me dérangeait pas de vous voir, de parler avec vous ou qu'on s'écrive par mails. Je vis avec mon temps, moi ! Vous voulez mon avis ? Vous trouvez des excuses pour vous cacher." p.130

"Imbroglio", un autre mot que j'aime et dont la sonorité révèle le sens : on s'emmêle la langue dedans en le disant, de même qu'on l'utilise quand on se trouve empêtré dans des problèmes qui font des noeuds entre eux." p.191

"Tu préfères qu'on s'écrive ? Ok, on va continuer jusqu'à ce que l'un de nous deux craque. Moi le premier, c'est sûr. Dans ta dernière lettre, tu me fais un tas de signes. Mais moi je risque ma vie à me pencher du train en marche pour t'aider à y monter ! D'ailleurs, je ne suis pas sûr d'y être, dans ce train. Peut-être que je suis à côté aussi, sur un chemin de campagne. [...] J'habite au 34. Y'a qu'un fil de fer barbelé qui nous sépare. Si tu n'as pas le courage de passer la tête dessous, approche-toi au moins !

Rodrigue" p.267