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Calypso
24 décembre 2016

La part des flammes

9782253087434-001-T

 

La part des flammes

Gaëlle Nohant

Le Livre de Poche, 2016

552 p.

8,60 €

 

 

 

 

  

Résumé éditeur

Mai 1897. Pendant trois jours, le Tout-Paris se presse à la plus mondaine des ventes de charité. Les regards convergent vers la charismatique duchesse d’Alençon. Au mépris du qu’en-dira-t-on, la princesse de Bavière a accordé le privilège de l’assister à Violaine de Raezal, ravissante veuve à la réputation sulfureuse, et à Constance d’Estingel, qui vient de rompre brutalement ses fiançailles. Dans un monde d’une politesse exquise qui vous assassine sur l’autel des convenances, la bonté de Sophie d’Alençon leur permettra-t-elle d’échapper au scandale ? Mues par un même désir de rédemption, ces trois rebelles verront leurs destins scellés lors de l’incendie du Bazar de la Charité.

 

 

Mon avis

Gaëlle Nohant a choisi de nous raconter ce terrible incendie qui ravagea le Bazar de la Charité à travers le destin fictif de deux femmes, Violaine de Raezal et Constance d'Estingel.

Victimes directes ou collatérales, femmes du monde, journaliste ou simple cocher, on suit plusieurs personnages qui, tous, vont être liés d'une manière ou d'une autre au drame qui s'est joué ce jour-là à Paris, avec pour figure centrale l'incroyable duchesse d'Alençon, soeur de Sissi : personnage secondaire discret dans le roman (qui, elle, a vraiment existé), elle sera le lien entre nos héros.

Je n'en dirai pas plus sur l'histoire pour ne pas trop en dévoiler, mais je peux vous dire que les descriptions du Paris du 19è et de ses codes sociaux, et, surtout, le passage de l'incendie, que l'on attend évidemment et qui arrive bien plus vite que je pensais, sont époustouflants de réalisme ! Une grande partie  du roman sera consacrée à "l'après", avec le déroulement de l'identification des victimes, l'enquête, les scandales révélés par la presse et les réactions de l'opinion publique qui suivirent l'incendie... Une vraie fresque, richement documentée mais sans aucune lourdeur, dans laquelle je me suis attachée au parcours de tous les personnages, héros ou secondaires. 552 pages, ce n'était encore pas assez ! J'aurais aimé que le roman se poursuive pour connaître la suite de certaines intrigues.

Moi qui adule cette période, je me suis donc vraiment régalée avec ce livre qui m'a éclairée sur un épisode tragique de l'histoire de Paris, livre que je compare sans hésiter à un Zola et dont on ne peut que saluer la qualité de l'écriture. Un très gros coup de coeur pour terminer cette année 2016 :)

 

 

"Les filles d’aujourd’hui étaient bien difficiles... Il n’y a pas si longtemps, on ne les aurait jamais consultées sur un sujet aussi sérieux que le choix d’un mari. Bienheureuses celles qui pouvaient envisager sans dégoût d’offrir leur corps à celui qu’on leur avait choisi. On ne comptait pas les jouvencelles qui s’étaient retrouvées dans le lit d’un vieillard, les beautés qui avaient dû se faire engrosser par des êtres difformes, les disgracieuses qui avaient passé leur vie à faire tapisserie en société pendant que leurs maris dépensaient l’argent de leur dot en maîtresses ou au jeu."

 

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"Après qu'elles eurent quitté la duchesse, elles entrèrent ensemble dans le torrent furieux des candidats à la survie, main dans la main pour ne pas être arrachées l'une à l'autre. Quelques femmes avançaient à contre-courant, hagardes, les cheveux en partie consumés, cherchant un enfant, une sœur, une mère. Une enseigne de comptoir enflammée s'écroula en grondant sur l'une d'elles qui tomba pour ne plus se relever ; déjà le feu était sur elle et la garda. Dans les flammes et la fumée, on n'y voyait plus à trois mètres. Le feu avait barré les fenêtres avant qu'on ait pu les ouvrir, il fermait le chemin aux victimes entassées dans la partie gauche du Bazar, il avançait vite, escorté de crépitements, de chuintements, de sifflements lugubres. La foule terrifiée trébuchait sur des cadavres  en grande partie calcinés dont les crânes éclataient à la chaleur dans un craquement sinistre."

 

 

 

 

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