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Calypso
31 mai 2017

Samedi 14 novembre

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Samedi 14 novembre

Vincent Villeminot

Sarbacane, 2016

214 p.

15.50 €

 

 

Ma note : 18/20

 

 

 

 

 

 

Résumé éditeur

Vendredi, 13 novembre 2015. B. était à la terrasse d'un café, quand les terroristes ont tiré. Son frère est mort, lui s'en sort indemne.
Il quitte l'hôpital au matin, monte dans le métro. Son regard croise celui d'un passager.
Il reconnaît le visage de l'un des tueurs et décide de le suivre.

 

Mon avis

Dans les crédits et remerciements, Vincent Villeminot se confie sur les coulisses de l'écriture de ce roman et ce qui l'a poussé à écrire sur le lendemain des attentats. Et c'est un spectacle (Aux corps prochains), auquel il assista quelques jours après la tragédie, qui en est à l'origine. Il lui en a inspiré la forme narrative particulière, empruntée au théâtre, et lui a donné l'impulsion nécessaire pour traiter d'un sujet si terrible.

Samedi 14 novembre est en effet écrit sous forme d'Actes, 5 au total, chacun accompagné d'une bande-son qui nous est indiquée avant que le récit ne commence. Et il commence fort... Le roman s'ouvre sur les secondes qui ont suivi l'attaque. Nous sommes donc plongés dans l'horreur dès la première ligne ! Les scènes sont courtes, les phrases aussi, et ce rythme d'écriture va nous placer au coeur du chaos dans lequel se retrouve le héros. Puis les différents actes vont s'enchaîner pour nous raconter son parcours pour retrouver l'un des terroristes et leur rencontre....

 

Comme d'habitude, Vincent Villeminot nous déstabilise et nous emmène là où l'on ne s'attend pas ! Certains passages peuvent même choquer mais restent criants de justesse dans l'exploration de l'âme humaine, jusque dans ses parts sombres. Les rôles sont parfois inversés, mais passées la colère et la soif de vengeance, la morale et la tolérance triomphent, grâce au personnage de Layla.

A travers les propos d'autres personnages, que l'on croisera dans les entractes, proches de B. ou inconnus croisés dans les rues, il soulève également les débats et les questions que l'on s'est tous posées après l'attaque : qu'aurions-nous fait si nous avions été présents au Bataclan ? doit-on avoir peur des Musulmans ? à qui est-ce la faute ? peut-on continuer à vivre et à s'amuser comme avant ?

 

Samedi 14 novembre est donc un roman d'une grande force et originalité qui ne vous laissera pas indifférent.

blanc

 

"Les témoignages affluent de ces courages inouïs, simples comme l'évidence. Il n'y a pas de plus grand amour...

Lui, l'aurait-il fait ? Aurait-il aimé, spontanément ? Serait-il mort ?

Ce sont des questions à la con. D'accord. Mais à bien y regarder, peut-être la vie d'Arno lui semble-t-elle à la con, elle aussi, ce matin." p.54

 

" - Si tu avais fait à ma famille ce que t'a fait mon frère, moi, je t'aurais tué, dit-elle.

- Oui...

- Mais ce que tu m'as fait, en revanche... je ne l'aurais pas fait à ta soeur.

- Non... Tu as raison

-

- Je te demande pardon.

Elle le regarda, fronça les sourcils.

- Est-ce que j'ai le choix ? demanda-t-elle. Est-ce que je peux faire autrement ?

Elle semblait en colère qu'il ait osé s'excuser.

- Si je ne te pardonne pas, comment on continue ?

 

Le silence se prolongea." p.156

 

 

 

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