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Calypso
18 avril 2018

Ma vie de monstre

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Ma vie de monstre

Anne Pouget

Scrineo, 2018

208 p.

11.90 €

 

Ma note : 19/20

 

 

 

 

 

 

 

Résumé éditeur

Catherine (la Belle) et Pierre (la Bête) vivent à la Cour de France, sous le règne de Catherine de Médicis.
L’une de leurs filles, Tognina, a hérité de son père un corps couvert de poils qui en fait, aux yeux de ses contemporains, au mieux une curiosité, au pire un monstre de foire exhibé dans toutes les Cours d’Europe.
Comment échapper à ce destin ? Comment vivre ses rêves d’amour et d’aventure, quand on est une vraie jeune fille ? Aura-t-elle seulement le droit de tomber amoureuse ? Et pourquoi pas d’être aimée ?

 

Mon avis

Je crois bien que tout le monde ignore que le conte de La Belle et la Bête a été inspiré par une histoire vraie !  Mme de Villeneuve a en effet repris sous forme de conte la véritable histoire de Pierre Consalvès et Catherine Raffelin. Atteint d'une maladie appelée hypertricose, Pierre avait le corps et le visage recouverts de poils. Capturé dans les îles Canaries quand il était enfant, il est offert au roi Henri II comme un animal sauvage mais recevra une bonne éducation. Fascinée, la reine Catherine de Médicis va forcer la fille d'un courtisan à l'épouser pour avoir une descendance et pouvoir exhiber ces êtres hors normes. Sur les 7 enfants qui naîtront, 3 seront atteints de la même maladie et c'est donc l'histoire de la petite Tognina qui nous est ici racontée.

J'ai été très touchée et révoltée par cette histoire. L'auteur nous fait parfaitement ressentir la détresse, l'humiliation et le désir d'être "normale" de la petite Tognina qui est exhibée comme une bête de foire, au même titre que les animaux exotiques et autres "curiosités" que Catherine de Médicis se plaisait à montrer en signe de pouvoir. La pauvre n'est pas non plus épargnée par la méchanceté des nains de la reine et les moqueries des personnes qu'elle côtoie ou rencontre. Heureusement, son chemin croisera d'aussi belles personnes qu'elle.

Le roman nous plonge dans la France et l'Italie du 16è siècle, on croisera d'ailleurs plusieurs illustres artistes et savants de l'époque (Ronsard, Montaigne, Ambroise Paré...) mais il a une résonance tout à fait actuelle sur notre rapport à la différence et apporte un autre point de vue sur la figure du monstre. Il nous fait également réfléchir sur le fait d'avoir pu considérer certains êtres humains comme des objets.

J'ai été d'autant plus touchée par ce livre que j'ai découvert grâce à lui l'histoire d'un tableau qui m'avait toujours fascinée et intriguée et qui s'avère être le portrait de Tognina, dont on suivra la création via sa rencontre avec la peintre Lavinia Fontana.

Un coup de coeur donc, même si j'aurais aimé que l'auteur développe aussi l'histoire d'amour entre les parents de Togninga et pas seulement dans les pages documentaires annexes au roman.

 

 

Portrait de Tognina Gonsalvus par Lavinia Fontana

 

 

"- De quoi te plains-tu ? Toi et toute ta famille bénéficiez de beaux habits, d'instruction, de liberté...

- De liberté ? Nous sommes attachés à la ménagerie royale et notre liberté n'est qu'imaginaire. On nous exhibe au bon vouloir de la reine, nous nous faisons palper comme des fruits que l'on achète, examiner par tous les savants sans que nous ayons notre mot à dire. Et vous parlez de liberté ?" p.37

 

"Les autres ne voient en moi qu'un animal curieux et les femmes de chambre m'appellent "le singe", "la guenon" ou encore "la sauvageonne". Pourtant je suis bien élevée et instruite, mais ça elles ne le savent pas parce qu'elles ne se sont pas donné la peine de me connaître ! (Des larmes lui montèrent aux yeux, elle eut peine à finir sa phrase) A l'intérieur de moi, mon coeur est comme un coffret rempli de rires et de larmes, d'amour et de je t'aime, mais personne n'en soulève jamais le couvercle. Je suis un peu comme une source d'eau fraîche, perdue au fond des bois, où nul ne vient s'abreuver." p.136

 

"Lorsque le cocher fit claquer son fouet, Tognina comprit enfin : loin des faveurs de la Cour, les membres de la famille allaient être revendus et dispersés au bon vouloir de ceux qui les avaient acquis. Elle venait d'être arrachée aux siens comme un animal sans âme."

 

 

Merci aux éditions Scrineo

scrineo

 

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Commentaires
P
Je viens de le lire et du coup je suis tout à fait d'accord avec ce que tu en dis ! ;-) J'espère qu'il plaira à mes élèves !
Répondre
P
J'ai très envie de le lire ! Tu dirais qu'il est accessible à partir de quel âge ? Je me demande s'il pourrait être utilisé par les 6ème qui travaillent sur le monstre ? (souvent les collègues me demandent une sélection très diverse sur la figure du monstre)
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