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Calypso
21 novembre 2018

Le goût amer de l'abîme

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Le goût amer de l'abîme

Neal Shusterman

Nathan, 2018

403 p.

16.95 €

 

Ma note : 17/20

 

 

 

 

 

 

 

Résumé éditeur

A priori, Caden Bosch est un ado de quinze ans ordinaire qui partage sa vie entre le collège, les jeux vidéo et ses amis. Mais, dans son esprit, il est aussi le passager d'un vaisseau lugubre voguant sur les mers déchainées, entre un capitaine tyrannique et les monstres qui grouillent sous la surface. Car Caden se perd petit à petit entre hallucinations et réalité. Ce roman est son voyage au plus profond des abysses, où il risquerait bien de se noyer.

 

 

 

Mon avis

Le nom de Neal Shusterman vous dira peut-être quelque chose. On lui doit, entre autres, la série Les fragmentés et La Faucheuse. Pas d'histoire issue du fantastique dans ce nouveau roman puisqu'il a choisi de traiter d'un sujet difficile et qu'il connaît bien, la schizophrénie, dont son propre fils est atteint. Si le personnage de Caden est fictif, il s'est basé à la fois sur son regard de père qui voit son enfant sombrer mais aussi sur les témoignages que son fils lui a livrés.

Raconté à la première personne, on découvre donc ce qu'est le quotidien d'une personne atteinte de cette maladie et comment elle transforme petit à petit ses perceptions et son rapport au monde. La construction du livre est très déroutante puisque les chapitres, toujours très courts, alternent entre ce quotidien, au lycée, à la maison puis à l'hôpital, et un récit qui s'apparente à une métaphore de ce que vit Caden, comme s'il était à bord d'un navire des plus étranges. Un double mode de narration qui prend du temps à comprendre et pourra décourager le lecteur. Pourtant, il sert bel et bien à s'immerger complètement dans l'esprit de Caden.

J'ai trouvé ce roman vraiment intéressant car il ne nous expose pas uniquement le regard de personnes extérieures sur la maladie mais nous permet, grâce au témoignage et illustrations du fils de l'auteur, de la vivre de l'intérieur en étant immergés dans les pensées de Caden. On voit ainsi l'évolution de la maladie chez cet adolescent, de la naissance de sa paranoïa et de ses angoisses irrationnelles, aux hallucinations et voix qu'il entend, ainsi que les effets de ses traitements médicamenteux lorsqu'il est hospitalisé.

Mais cette lecture fut aussi une expérience éprouvante pour moi d'être ainsi plongée dans les pensées de Caden et je n'ai malheureusement pas pu aller au bout des 400 pages.

 

 

 

"Maintenant qu'ils me croient, je suis soulagé. Mais pas vraiment. Parce qu'au fond, je sais qu'ils ne me croient pas. Ils exécutent juste des mouvements pour me rassurer. Pour me faire croire qu'ils sont de mon côté. Mais ce n'est pas le cas. Ils sont comme Mme Sessuel et mes profs et les élèves qui me regardent avec de mauvaises intentions. C'est comme si ces deux-là n'étaient pas mon père et ma mère, juste des masques de mes parents, et j'ignore ce qu'il y a véritablement en dessous. Je sais que je ne peux plus rien leur confier."

 

 

"Impossible d’exprimer ce que je ressens avec des mots, ou alors ces mots n’appartiennent à aucun langage compréhensible. Mes émotions parlent en langues. En un tourbillon, la joie se change en colère se change en peur puis en ironie amusée ; c’est comme sauter d’un avion les bras bien écartés, en sachant pertinemment qu’on sait voler, pour découvrir que ce n’est pas le cas et que, non seulement on n’a pas de parachute, mais qu’on ne porte pas non plus de vêtements et que les gens en dessous ont tous des jumelles et rigolent en nous regardant dégringoler vers une mort extrêmement embarrassante."

 

 

"Ça aussi, ça fait sens. Sens par rapport à la façon dont ta chair est reliée à la terre, pour dire à la gravité de te retenir au sol, toi et tous les autres. Et soudain, tu sais que si tu enfiles tes chaussures, la terre lâchera et tout le monde sera précipité dans l'espace, tout ça à cause de ta connexion au sol. C'est toi le levier anti-gravité du monde. Aussi merveilleuse soit cette nouvelle, ce pur émerveillement est terrifiant à cause du pouvoir que ça te confère. Et le ver que tu as vu dans le coeur de la femme a trouvé le moyen de migrer en toi. Ce n'est pas un pouls que tu sens, c'est le ver qui se fraie un chemin en toi en te dévorant, et tun ne peux pas le déloger."

 

 

 

 

 

 

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