Ueno Park
Ueno Park
Antoine Dole
Actes Sud Junior, 2018
128 p.
13.50 €
Ma note : 17/20
Résumé éditeur
Huit adolescents. Huit voix. Ils ne se connaissent pas mais ont en commun de rejeter les codes traditionnels de la société japonaise. Tous laissent entrevoir un furieux besoin d'imposer leur trace dans ce monde. A Ueno Park, ils vont se trouver réunis pour Hanami, le spectacle de l'éclosion des cerisiers.
Mon avis
Les 8 profils de ce roman choral sont vraiment intéressants à connaître et révélateurs de la société japonaise actuelle (ne lisez pas la suite si vous voulez garder la surprise de chacune des 8 histoires) : cloîtrée chez elle depuis 2 ans, Ayumi sort pour la première de son appartement ; Sora veut assumer son look extravagant mais doit affronter les insultes et les regards, dont celui de sa famille ; Fuko, qui se sait condamnée, vit son dernier Hanami ; Natsuki mène une double vie auprès d'hommes mariés quand elle sort du lycée ; Haruto a survécu au tsunami de 2011 ; Daïsuké travaille d'arrache-pied dans un minuscule local pour vendre des pancakes aux passants ; Aïri attend un amour impossible ; et Nozomu est un jeune SDF.
J'ai été un peu gênée par l'écriture, très introspective. Ce choix de narration était pourtant totalement justifié vu le sujet ici mais il m'a plus ou moins dérangée selon les histoires (celles de Fuko, d'Haruto et de Nozomu en particulier) car les personnages s'épanchent et se répètent sur les sentiments ressentis, ce qui rend ces textes assez "lourds" à lire. C'est sans doute aussi pour ça que j'ai préféré les autres histoires, plus descriptives des travers de la société japonaise.
"J'étais cette petite fille parfaite, qui sourit, qui ne dit rien, même quand le dedans a mal. Des contorsions, toujours. Ne jamais être un obstacle. Dire oui. Obéir. Faire ce qu'on attendait de moi. Ne pas être une difficulté. Mais pour chaque sourire, j'avais une larme. Pour chaque victoire, une défaite. J'étais cette petite fille parfaite, oui, mais prête à m'effondrer. J'ai consacré toute mon énergie à tenter de faire tenir debout mes morceaux et mes fracas."
"Parce qu'être des filles calmes et douces, c'est tout ce qu'on attend de nous, depuis l'enfance. Ce vivier de bonnes épouses, d'employées dévouées dont regorgent les écoles et les lycées pour filles. Des générations de femmes, dressées, muselées, cadenassées pour que des générations d'hommes dirigent, décident et gardent le pouvoir. Est-ce que c'est tout ce qu'on nous souhaite? Moi je ne veux pas de ça. est-ce que tu l'entends, Tokyo, ta jeunesse qui gronde et qui n'a plus peur de toi? Nous ne serons plus tes épouses dociles. Nous ne serons plus silencieuses. Nous ne nous laisserons plus faire."
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