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Calypso
17 juin 2021

Crénom, Baudelaire !

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💜 

Crénom, Baudelaire !

Jean Teulé

Mialet Barrault, 2020

427 p.

21 €

 

Ma note : 20/20

 

 

 

 

 

 

 

Résumé éditeur

Si l’œuvre éblouit, l’homme était insupportable. Charles Baudelaire ne respectait rien, ne supportait aucune obligation envers qui que ce soit, déversait sur tous ceux qui l’approchaient les pires insanités. Drogué, dandy halluciné, il n’eut jamais d’autre ambition que de saisir cette beauté qui lui ravageait la tête et de la transmettre grâce à la poésie. Dans ses vers qu’il travaillait sans relâche, il a voulu réunir dans une même musique l’ignoble et le sublime. Il a écrit cent poèmes qu’il a jetés à la face de l’humanité. Cent Fleurs du Mal qui ont changé à jamais le destin de la poésie française.

 

Mon avis

Voilà une lecture qui aura été très particulière pour moi ! Grande admiratrice de Baudelaire depuis le lycée et la fac, où j'ai étudié Les fleurs du mal en long, en large et en travers, je pensais bien connaître sa vie pour avoir aussi lu ses oeuvres complètes et ses correspondances. Si j'avais bien conscience du caractère acariâtre du poète, j'ai toujours éprouvé une certaine fascination ce personnage littéraire, or, le portrait qu'en fait Jean Teulé le rend carrément antipathique tout au long du roman : disons-le clairement, c'était une ordure avec les autres, y compris avec ses proches et encore plus avec les femmes de sa vie. Ajoutée au style parfois cru que l'on connaît à l'auteur, la vie privée du poète est assez dérangeante, pourra même choquer, révolter.

Mais, si l'homme est détestable, on suivra avec plaisir la genèse des différents poèmes des Fleurs du mal et les embuches rencontrées à la publication de ce recueil qui fit scandale. Le décalage entre les agissements de Baudelaire et la beauté de ses poèmes, la perfection qu'il veut y mettre, est ainsi... surprenant ! J'ai aussi aimé retrouver les autres grands noms que Baudelaire côtoyait ainsi que quelques allusions aux transformations du Paris du 19è. Richement documenté, fourmillant d'anectodes que l'auteur est allé rechercher dans des archives et des témoignages, j'ai appris énormément de nouvelles choses grâce à ce livre. Je pensais même au départ que Jean Teulé s'était laissé aller à imaginer certains passages tellement ils peuvent surprendre, mais après avoir écouté une longue interview donnée à la librairie Mollat, il semble qu'il n'en soit rien.

Pour résumer, je pense que quiconque aime les poèmes de Baudelaire adorera ce livre mais pour un lecteur néophyte, la personnalité du poète risque d'avoir tout l'effet inverse. En tout cas, j'ai très envie de me replonger dans Les fleurs du mal, dont plusieurs poèmes sont intégralement intégrés ici.

 

"— Il y a des moments où je doute de votre état mental, mon cher Baudelaire. Il y en a où je n'en doute plus ; c'est la plupart du temps."

 

"Le retentissement du procès l’a métamorphosé en homme public. Sa mise au ban agrandit sa légende. Édouard Manet qui mangeait avec des amis se lève pour seulement venir lui dire :
- Vous êtes neuf dans une poésie vieille."

 

 

 

 

 

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