Les tout-petits face aux écrans

Les tout-petits face aux écrans

Dr Anne-Lise Ducanda

Litos, janv 2023

336 p.

8.90 €

Ma note : 20/20

 Résumé éditeur

Le Dr Anne-Lise Ducanda reçoit en PMI et dans ses consultations écrans de plus en plus d'enfants souffrant de retard de langage, retard intellectuel et moteur, agitation et intolérance à la frustration, difficultés de communication, difficultés scolaires... Elle se rend compte que les troubles disparaissent ou diminuent fortement après une période de sevrage d'écrans.

À travers ce livre, elle lance l'alerte sur le fléau que sont les écrans sur la santé de toute une génération, à commencer par les tout-petits. En effet, les écrans privent l'enfant d'interactions humaines et de l'exploration sensorielle du monde, indispensables au développement de son cerveau. Mais on continue à inciter les parents à « préparer leur enfant au monde de demain » par le numérique…

Cet ouvrage s'adresse aux familles et aux professionnels et leur donne des clés et des outils pratiques, du bébé à l'adolescent.

La bonne nouvelle, c'est que les troubles liés aux écrans sont évitables et réversibles en grande partie quand ils sont détectés et traités à temps.

Mon avis

J'ai mis un peu de temps avant de rédiger mon avis mais j'ai dévoré cet essai sur les dangers des écrans chez les enfants dès sa réception ! Ça m'a toujours horripilée de voir des tout-petits scotchés aux portables ou aux tablettes de leurs parents, comme dans les salles d'attente. Hors de question pour moi d'habituer mon petit garçon aux écrans et j'étais loin d'imaginer tout ce que dénonce l'autrice de ce livre, dont j'avais pourtant vu le reportage à Envoyé spécial quand elle a sonné l'alerte en 2017...

Je remercie Babelio et les éditions Litos pour l'envoi de ce livre qui est vraiment intéressant, j'essaie d'en parler un maximum autour de moi, à mes proches comme à mes collègues. Le ton est alarmiste, certes, mais je pense que c'est totalement justifié : il faut que les parents soient au courant des conséquences sur le cerveau d'une surexposition aux écrans, dès la petite enfance. Pour illustrer ses propos et mises en garde, Anne-Lise Ducanda intègre énormément de témoignages directs de parents, enseignants et autres professionnels de l'enfance qui ont fait les mêmes constats, ont eu les mêmes questionnements et qui la remercient. Autant d'électro chocs quand on découvre tous ces portraits d'enfants "collés" aux écrans par des parents pensant parfois bien faire (pour les distraire, les occuper ou leur apprendre les chiffres, l'anglais etc), des enfants accros qui ont besoin de leur dose d'écran au détriment de leurs jeux, de l'utilisation de tous leurs sens ou des contacts humains, des enfants qui présentent les mêmes syndromes que l'autisme.

J'ai été sensible à tout ce qui est expliqué, en tant que jeune maman (je fais encore plus attention maintenant, plus de télé si loulou est dans la pièce, même s'il ne semble pas la regarder), mais aussi en tant qu'enseignante. Contrairement à ce qu'annonce le titre, l'autrice ne s'arrête pas aux dangers des écrans sur les tout-petits. Elle aborde aussi la question de l'addiction chez les enfants et les ados, les conséquences sur la scolarisation. J'ai retrouvé un portrait très réaliste de ce qu'on vit au quotidien depuis quelques années, avec de plus en plus d'élèves présentant divers troubles de l'apprentissage, troubles de l'attention ou de l'hyperactivité, une mauvaise gestion de leurs émotions et de la frustration, un manque d'intérêt pour ce qui n'est pas ludique ou sur écrans et la perte du goût de l'effort. Nous ne sommes pas assez formés pour accompagner ces élèves et je pense sincèrement, encore plus à la lecture de ce livre, qu'il y a bel et bien un lien, que les écrans n'y sont pas pour rien.

"Pensant que les écrans permettront à leur enfant de se développer mieux et plus rapidement, tout en lui faisant plaisir, nombe de parents sont rapidement pris au piège de la trompeuse promesse numérique. Leur tout-petit accumule des retards de développement et nourrit un sur-attachement à l'écran qui le coupe du monde réel et des attaches affectives. Car il faut bien garder à l'esprit qu'un jeune enfant n'est pas un adulte miniature et que les écrans, si utiles et profitables soient-ils pour les parents la plupart du temps, ne le sont pas pour des cerveaux en construction." p.170

 

"Comme il a besoin de nourriture et d’eau pour bien grandir, l’enfant a besoin de nutrition cognitive et affective pour que son cerveau se développe : besoin qu’on le regarde, qu’on lui parle, qu’on le calme, besoin de partager, de jouer… "