POV : Point Of View
POV : Point Of View
Patrick Bard
Syros, 2018
236 p.
15.95 €
Ma note : 20/20
Résumé
La première fois qu’un lien vers une vidéo porno s’affiche sur son ordinateur, Lucas est en train de télécharger un film de super-héros en streaming. Cette scène, qu’il visionne sans l’avoir voulu, le sidère, puis lui procure une émotion totalement inédite. Pour retrouver ce frisson initial, il glisse en secret dans une sphère qui accapare ses pensées, ses nuits, et bientôt tout son temps libre. Vu de l’extérieur, on pourrait croire que Lucas est un simple geek. Il est en réalité victime d’une addiction dont il ne peut plus sortir seul. Pour revenir du côté de la vie, il lui faudra accepter la rencontre et l’échange avec d’autres, loin des écrans.
Mon avis
Dans le collège où je travaille, nous sommes de plus en plus confrontés à des élèves consommateurs de sites pornographiques, ce dont ils ne se cachent pas, et on entend souvent des propos qui font froid dans le dos sur leur image de la femme et de la sexualité.
Patrick Bard aborde ce sujet délicat dans P.O.V. à travers le portrait de Lucas, un lycéen totalement accro au cybersexe. Une addiction qui va finir par le désocialiser, le désintéresser de ses études et révéler un malêtre bien plus profond.
L'auteur fait le tour de la question de manière très pertinente et complète. Il commence par nous montrer comment Lucas est tombé sur ses premiers sites pornos, la découverte de la sexualité via ce média et les émotions que cela lui a procuré, puis l'addiction qui s'installe, la quête de vidéos qui susciteront toujours plus d'excitation, l'incapacité de s'en passer et son image dégradée des femmes.
Ses parents vont essayer de lui venir en aide via le dialogue et en lui montrant un reportage sur les coulisses de l'industrie porno, un passage que j'ai trouvé très judicieux d'intégrer dans ce roman pour lever le voile sur les conditions de tournages et les fantasmes qu'ils suscitent. Mais le malêtre de Lucas étant trop fort et le sevrage impossible sans une aide extérieure, il leur faudra faire appel à des spécialistes.
Dans le centre où il sera hospitalisé, Lucas rencontrera d'autres ados victimes d'addictions diverses, dont une certaine Eloïse, accro aux jeux en ligne. Un autre point bien pensé par l'auteur, qui ouvre ainsi des parallèles entre les addictions, dont les principes sont les mêmes et cachent un malêtre et une fuite de la réalité.
"Le problème, c'est que la seule chose qui fait retomber la pression, c'est de se réfugier dans le porno. Là, il lâche prise, il oublie tout. La tension, la peur, la honte, la culpabilité, le sentiment de dépendance, son surpoids, ses échecs scolaires, tout. Et chaque fois que, enfin soulagé, il éteint son écran, il se promet que ce sera la dernière fois."
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