Un ado nommé Rimbaud
Un ado nommé Rimbaud
Sophie Doudet
Scrineo, 2017
250 p.
14,90 €
Ma note : 19/20
Résumé éditeur
En ce début de l’été 1870, Arthur brille au collège de Charleville, où il rafle un par un les prix d’excellence. Son avenir semble tout tracé. Sa mère imagine pour lui une vie paisible et convenable, une carrière sans panache et respectable. Mais Arthur étouffe et ne supporte pas cet horizon étriqué.
Il rêve de Paris et de gloire : il veut être Poète !
Une année, douze mois fulgurants et quatre saisons colorées vont bouleverser son existence et l’arracher à l’enfance. Alors que la France est en guerre et que la révolution gronde, le bon élève se rebelle avec pour seules armes ses mots…
Et c’est ainsi qu’Arthur devient Rimbaud.
Mon avis
Sophie Doudet nous donne une occasion fantastique de côtoyer Rimbaud alors qu'il n'est encore qu'un adolescent et de suivre son parcours jusqu'à devenir le poète que l'on connaît.
Dans cette biographie romancée qui se centre sur les années 1869-1871, l'auteur nous montre un Arthur Rimbaud qui est un ado comme les autres, avec ses problèmes, ses aspirations à fuir une ville qu'il déteste pour devenir un artiste, et ce, contre l'avis de sa mère qui l'élève seule. Un ado prêt à tout pour vivre ses rêves, dans lequel un lecteur d'aujourd'hui pourra s'identifier.
On croisera les figures importantes de la vie de Rimbaud, de son professeur Izambard, le premier à avoir cru en son talent, aux poètes qu'il admirait et qu'il retrouvera à Paris. La portée historique de ce roman est aussi très intéressante puisqu'il nous éclaire sur la guerre Franco-Prussienne qui faisait rage en 1870, la capitulation de Napoléon III à Sedan, l'avènement de la IIIè République et la proclamation de la Commune à Paris.
Autant d'éléments qui permettent de mieux comprendre la poésie de Rimbaud, dont des citations parsèment le roman à mesure qu'il les invente.
Un coup de coeur, tant pour son contenu que pour la plume de l'auteur !
"Arthur sourit, vaguement flatté. Izambard et M. Charlet, le libraire, sont les seuls adultes à oublier qu'il n'est encore qu'un garçon de seize ans quand ils discutent littérature à égalité avec lui. Ici, il a l'impression d'être vraiment pris au sérieux. On écoute ses avis et on recherche même ses conseils." p.106
"- Il y a trop de livres ! Je n'ai pas le temps ! Il me faut écrire dès à présent.Vite ! Et si tout ce qui bouillonne en moi s'éloignait et disparaissait ? J'aurais tout perdu. Voyez-vous, Izambard, ce que j'ai compris à Mazas, c'est l'urgence de ne pas perdre ma vie. Charleville ou Mazas, c'est la même chose. Des cellules, des prisons qui me brisent les ailes. Et les livres aussi peuvent être des geôles. Ils nous enferment dans l'admiration des autres, des grands, des Anciens, des morts ! Pour écrire, il ne faut plus être un taulard, il faut être vivant et libre ! Délivré des mères, des villes de province, des gendarmes et des écrivains. De Banville et de Hugo même ! Regardez ! L'Empire s'effondre et la République vient : c'est un signe ! Je veux être moi-même !" p.154
Merci aux éditions Scrinéo